Fabian, t'es là ? Je poussais la grande porte de l'arrière cuisine avec mes petits bras pour trouver un Fabian tout sourire perché sur un des meubles de la pièce. Il me regarda, comme surpris de me voir ici avant de me faire signe de me taire, de me tirer à l'intérieur et de fermer la porte derrière moi. Si la gouvernante nous trouve ici... Pwah, c'est qu'une vieille folle ! Je disais cela en haussant les épaules, inconsciente à neuf ans de la méchanceté de mes propos. Fabian me regarda à nouveau avant d'exploser de rire et de me prendre dans ses bras, moi lui ayant tendu les mines. Une vieille folle qui peut nous priver de dessert même si on sait tous que ton père sera contre. Je me blottissais dans ses bras avant de le chatouiller par surprise et donc de me retrouver à rire jusqu'à ne plus respirer parce qu'il était plus costaud que moi avec nos quatre ans d'écarts. Je m'ennuyais là bas. Il hocha la tête et je savais qu'il s'ennuyait de même. En plus, y a une vieille qui m'a tiré la joue. Non mais pour qui elle se prend. Je disais cela, les mains sur les hanches dans une parfaite imitation de notre gouvernante. C'est des soirées qui plaisent qu'aux adultes mais bon, on a pas le choix. Je soupirais et me laissais glisser au sol. Je restais là avec Fabian pendant un bon moment avant que notre gouvernante, toute paniquée d'avoir réussi à laisser filer les deux enfants dont elle avait la charge, nous trouve et nous ramène à mon père, moi et mon frère. Parce que du haut de mes quelques petites années, j'avais décrété que Fabian était mon frère. Je l'aimais comme tel.

On va encore se faire suer... Fabian me murmura cela à l'oreille alors qu'un homme venait de s'avancer vers nous pour saluer mon père. Nous étions au musée de Boston pour une soirée spéciale à l'occasion de la nouvelle exposition temporaire qui venait d'ouvrir. Je me passionnais déjà pour l'art à l'époque et je savais que Fabian aimait au tant que moi se musée où nous venions depuis presque toujours. Mais lui, ces soirées longues où tout ce passe chez les adultes et où personne s'intéressent à nous, il les tenait en horreur. Moi aussi mais pas quand elles se passaient dans le musée et bientôt, je viendrais à les apprécier, tout comme lui. Je souris poliment à quelqu'un avant de me tourner vers mon frère de coeur et de lui enfoncer mon doigt entre les côtes. Petit rabat-joie va ! Tu sais très bien que les sources d'occupations dans ce musée sont nombreuses. Il me fit un regard qui me laissait comprendre qu'il savait où je voulais en venir. Je souris de toutes mes dents avec un air innocent avant de me tourner vers mon père. Monsieur O'Connor, avons nous le droit de nous promener à notre guise ? Mon air et ma politesse exagérer laissait présager rien de bon mais mon père semblait trouver cela plus amusant qu'autre chose. Il hocha simplement la tête avant de retourner à sa discussion. Je glissais à Fabian salle des sarcophages, section Égypte dans cinq minutes, avant de m'éloigner. Cinq minutes... Je souris. Nous avions un rituel ici : se retrouver dans un endroit où nous avions pas le droit d'aller et mettre en place un scénario digne d'un film sur Indiana Jones avant de se promener parmi les convives pour réaliser notre mission. Je savais déjà que cette soirée promettait d'être très intéressante.

Alors, il paraît que tu fais le mur... Je sursautais et balançais au passage mon style à travers la pièce. Je tournais la tête vers la porte qui était pourtant bien fermé pour finir par voir, Fabian assis sur le rebord de ma fenêtre. Je vous ai déjà dit que celle-ci était au premier étage ? Rentre, reste pas là tu pourrais tomber. Mademoiselle s'inquiète ? Oui assez. Moi quand je fais le mur, je passe par le rez-de-chaussée au moins ! Je lui tirais la langue de façon parfaitement puéril, avant de tapoter le dessus de ma couette pour lui signifier de venir s'installer. Je poussais mes affaires, des documents sur des oeuvres d'arts que j'affectionnais pour concevoir un exposé dessus. Elles avaient toutes une sacré histoire. Il vint s'assoir ou plutôt s'allonger sur mon lit et m'emportant dans le mouvement. Je me laissais faire, posant ma tête sur son torse. Liam est furieux. Je sais... Un silence s'installa et je savais déjà qu'il était en train de penser une phrase où il me ferait la morale. Commence pas Fab ! Toi, tu as limite le droit de faire ce que tu veux. Pourquoi pas moi ? Me dis pas l'âge, tu sais très bien que tu pouvais déjà faire plus que moi à mon âge. Je suis un homme ? Et je suis pas sa fille. Je sentis l'amertume dans sa voix sur la fin de phrase alors que la première était dit avec un ton macho. Oui, il était un homme, il courrait moins de risque et patati... Mais je savais qu'il était aussi l'enfant de mon père, de coeur si ce n'était de sang chose dont j'étais presque sure même si je n'avais pas encore réussi à le prouver. Je suis pas une poupée... Je sais soeurette. Il me caressait les cheveux et je vous jure, j'aurais été un chat : j'aurais ronronner. Il le sait, c'est juste dur de te voir grandir... Oui, monsieur je-fais-partie-de-la-mafia. Sortir est bien moins dangereux que ce que tu fais va ! Moi avec une arme reste moins dangereux que toi au milieu de garçons qui auront de sales pensés à ton égard. Mais moi aussi, je sais me servir d'une armée ! Il se mit à rire et je ne pus que faire comme lui. Il savait me calmer mieux que n'importe qui. Dire qu'avant son arrivée, je me concentrée sur mon exposé pour essayer de calmer mes nerfs et que je n'y arrivais qu'assez peu.

Fabian et Erlina sont frères et soeur bien que la jeune fille ignore officiellement le réel lien de parenté. Parce que outre le sang, ce sont une fratrie de coeur. Malgré leurs années d'écart, ils ont grandits ensemble et ont donc tout traversé ensemble. Quant l'un allait mal, l'autre aussi mais consolait le premier. Ils se disaient tout, ou presque parce qu'il faut bien avoir son jardin secret de temps en temps. Fabian s'est toujours montré très protecteur avec la jeune femme et elle a toujours essayé de tout faire pour remplir les vides dans la vie de son frère de coeur. Fabian a appris que Erlina était enceinte de la bouche de Liam. Et depuis, il désespère de ne pas connaitre sa nièce. Quant à Erlina ? Si elle a pris le nom de Williams ce n'est pas une coïncidence. Elle a choisit celui ci car c'est celui de Fabian, car elle sait que comme cela un jour il la retrouvera. Il lui manque atrocement, elle lui manque atrocement. Depuis la séparation, ils ont tous deux l'impression qu'ils leur manquent une partie d'eux.

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