J'étais à Rio, il était un peu plus de minuit, je me trouvais dans ma splendide villa aux dimensions et à la vue incroyable... Mais je me sentais atrocement seule. J'avais passé la journée à bichonner ma voiture et à aller à un rendez-vous pour mon travail officiel, mais je n'avais pas eu de contacts particuliers avec mes amis. Et allez savoir pourquoi, je n'avais strictement aucune envie d'aller faire la fête en boîte. Non, ce dont j'avais besoin là tout de suite, c'était Georgia. J'avais très envie de la voir et ce fut sans doute pour cette raison que je me saisis de mon téléphone portable posé sur la table basse pour composer un message.

"Hello ma belle... Je sais qu'il est tard et je suis désolée si je te réveille, encore que j'en doute Tu veux bien passer chez moi? Tu me manques... Bisous "

Habituellement je me gardais bien d'être aussi mielleuse, mais c'était vrai Georgia me manquait. Nous avions une relation assez particulière toutes les deux. Certes on couchait très souvent ensemble, mais cela ne s'arrêtait pas à ça. Nous avions une complicité bien particulière et une amitié assez forte. En tout cas elle savait qu'elle pouvait compter sur moi peu importe l'heure ou l'endroit, et je pense que je peux le faire en retour. A tel point qu'elle était la seule au monde à avoir le double de mes clés, c'était dire. Je ne savais pas si elle allait répondre, si ça se trouve elle était occupée.

Me relevant de mon canapé, je changeai de pièce pour passer du salon à la cuisine et sorti un verre ainsi qu'une bouteille de rosé. Je sais, boire seule à la maison n'est pas spécialement recommandé, mais je fais ce que je veux après tout. Quittant la cuisine, je partis sur la terrasse, non sans emmener mon téléphone portable avec moi, et m'appuyai contre la balustrade. De loin je pouvais entendre le bruit de la ville de Rio, tout en contemplant l'océan et les bateaux qui se baladaient dessus...

L'amitié ▽ « Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret. Elle est lente à mûrir, et la vie si rapide. L'amitié est une fleur que le vent couche et trop souvent déracine. »

Regardant une nouvelle fois sa montre, Jo pensait que cette journée n’allait jamais finir. Elle avait fait une nocturne au casino, tout cela pour plaire à une de ses baleines qui, il fallait le souligner tout de même, venait de lui laisser en pourboire un mois de salaire ! Alors elle avait fait un effort pour l’accompagner dans quelques boites de striptease, comme il l’avait souhaité. Bien évidemment elle se serait bien passée du spectacle, non pas parce qu’elle se sentait mal à l’aise, il en fallait beaucoup à Georgia pour se sentir ainsi, mais plutôt parce qu’elle aurait préféré avoir une autre soirée que celle de le balader dans tout Rio ! Surtout que ce soir, elle n’avait pas à jouer les danseuses au club, alors oui elle aurait préféré profiter de cette soirée de repos pour se vautrer dans son canapé et critiquer chaque scène du film qui passerait à la télévision, comme elle savait si bien le faire. Sentant son téléphone s’agiter dans sa poche, son téléphone personnel, elle le sortit pour voir ce qu’il en retournait, surtout à une heure aussi avancée.
« Hello ma belle... Je sais qu'il est tard et je suis désolée si je te réveille, encore que j'en doute Tu veux bien passer chez moi? Tu me manques... Bisous »
Un message d’Isa ! Elle esquissa un sourire à la vue de celui-ci et s’empressa de lui répondre bien évidement, surtout au vue de cet étendu de sentiment qui ne lui était pas habituel, l’une comme l’autre, elles étaient beaucoup plus adeptes de la démonstration d’attachement par les gestes que par les mots.
« Holà Bella ! Non je ne dors pas encore… Y’en a qui travaille -_- ! Je finis avec un client et je débarque… Je devrais en avoir pour une vingtaine de minute grand maximum ! A tout de suite bisou (k) »

Rangeant son téléphone, elle regarda sa montre encore une fois, organisant mentalement le temps qu’il lui restait… Il allait falloir s’activer… Mais cela serait mal connaitre Georgia que de penser qu’elle baisse les bras ou pire qu’elle n’a pas un plan B, puis C, voire même D, et ainsi de suite, tout pour qu’elle parvienne à ses fins et là ses fins se résumaient à finir sa journée et rejoindre son amie. « Excusez-moi de vous sortir de votre contemplation, mais il semblerait que votre femme est à votre recherche, je pense qu’il serait plus sage de rentrer… Sauf si vous tenez à ce qu’elle découvre votre activité nocturne, ce dont je doute… » Un magnifique sourire sur le visage, et il n’en fallait pas plus pour motiver son client à rentrer à l’hôtel du casino. La carte de la femme cela faisait mouche à chaque fois, elle était passée maitre dans l’art de la manipulation. Une fois le client déposé, elle fila se changer au vestiaire du casino avant de partir rejoindre Isabela chez elle. Faisant littéralement comme chez elle, elle entra grâce au double de clef qu’elle lui avait fait faire, déposer ses affaires près du canapé et avança à peu de velours en direction de la terrasse ou se trouvait la jeune femme. Arrivant derrière elle, elle l’enlaça posant sa tête sur son épaule. « J’ai toujours envié la vue que tu avais ! » Georgia esquissa un sourire. « C’est vraiment magnifique vu d’ici ! » Bon elle n’avait pas à se plaindre elle non plus de sa vue.

Elle, elle avait la vue direct sur la mer, elles étaient dans le même quartier, mais à des endroits différents, et Isa avait la chance d’être plus en hauteur et surtout d’avoir une villa ! Jo se contentait d’un appartement, en même temps avec qu’elle gagnait c’est le mieux qu’elle pouvait se permettre, et c’était déjà pas mal ! « Comment tu vas Bella, j’ai comme l’impression que quelque chose se trame dans ta jolie petite tête blonde… Appelle ça l’intuition féminine ! ».

Fort heureusement, je n'eus pas à attendre très longtemps que ma belle brune préférée ne réponde à mon message, puisque j'obtins une réponse de sa part que quelques minutes plus tard. Sentant mon téléphone vibrer, je ne pus m'empêcher de sourire doucement avant de vérifier qu'il s'agissait bien de Georgia. Je ne comptais plus le nombre de fois où je m'attendais à un message de quelqu'un et qu'il s'agissait en fait de publicité ou de rappel du coût de ma facture téléphonique. Maudits soient ces opérateurs. Mais là non, il s'agissait bien d'elle et je fut très satisfaite de sa réponse.

« Holà Bella ! Non je ne dors pas encore… Y’en a qui travaille -_- ! Je finis avec un client et je débarque… Je devrais en avoir pour une vingtaine de minute grand maximum ! A tout de suite bisou (k) »

C'est vrai, la pauvre... J'avais personnellement pas besoin de pointer le bout de mon nez tous les jours au boulot, mais ce n'était pas le cas pour tout le monde malheureusement. Mais bon j'espérais que je n'avais pas développé ce petit côté enfant gâtée qui râlait dès qu'elle n'avait pas ce qu'elle désirait. Il ne me semblait pas que cela soit le cas, mais ne sait-on jamais. J'aimais réussir les choses par moi-même, même si c'est vrai que je ne ratais jamais une opportunité lorsqu'elle se présentait à moi. Mais c'était plutôt être débrouillarde ça non? Bref, passons.

En attendant Jo, je décidai de rester sur le balcon, profitant de la vue. Je terminai petit à petit le verre de vin que je m'étais préparé. Je ne m'attendais pas à un coup de sonnette en particulier étant donné que la demoiselle était en possession de mes clés. Cela lui permettait de débarquer quand elle le souhaitait, et j'aimais bien cette situation. Pourquoi? Je dois bien vous avouer que je ne savais pas tellement... C'était comme ça, j'avais eu envie de lui donner un double de mes clés et je ne m'étais pas posé la moindre question. Je ne décollai qu'une seule fois de ma balustrade, et ce fut dans l'unique but de déposer mon verre de vin sur la petite table derrière moi. Il faisait chaud aujourd'hui, et la condensation qui était restée sur le verre une fois le vin fini pouvait définitivement confirmer cela.

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas entendu Georgia entrer chez moi et s'approcher de ma personne. Mais je souris lorsque je sentis son bras se glisser sur ma taille et sa tête se poser sur mon épaule. Un geste de tendresse auquel je ne m'étais pas spécialement attendue, mais qui me faisait tout autant plaisir. Souriant donc, je tournai la tête sans pour autant me défaire de son étreinte alors qu'elle parlait.

« J’ai toujours envié la vue que tu avais ! C’est vraiment magnifique vu d’ici ! »

« C'est vrai, j'ai beaucoup de chance... Et d'autant plus lorsqu'une des plus belle danseuse de Rio se trouve à mes côtés! »

Je rigolai et lui fit un clin d'oeil. Bizarrement, depuis qu'elle avait débarqué sur mon balcon, ma solitude s'était envolée comme un vol d'hirondelles au printemps. J'étais contente qu'elle soit là, mais je m'attendais à ce qu'elle me demande pourquoi je lui avais demandé de me retrouver ici. Ce fut donc sans aucune surprise que je l'entendis me questionner là-dessus. Problème, je ne savais pas du tout quoi répondre. J'avais envie de la voir et cela s'arrêtait là.

« Comment tu vas Bella, j’ai comme l’impression que quelque chose se trame dans ta jolie petite tête blonde… Appelle ça l’intuition féminine ! ».

« J'aurais plutôt dit intuition Georgienne moi, tu vas finir par me connaître mieux que mon propre père » dis-je en levant les yeux au ciel.

C'était vrai et ce n'était pas peu dire. Mais pour répondre au reste de sa question, je me contentai de hausser les épaules en faisant une petite moue qui m'appartenait bien. J'avais réfléchi à la réponse pendant quelques minutes entre son arrivé et son texto et je dus bien avouer que je n'avais strictement rien trouvé à répondre, même pour combler le vide.

« Je ne sais pas vraiment... Je crois que j'avais juste envie de te voir en fait. Tu me manquais et je me sentais seule. J'espère que je ne t'ai pas privée d'un gros pourboire... »

Il manquerait plus qu'elle m'en veuille de l'avoir fait venir ici pour rien. Si cela se trouvait elle s'était attendue à je ne sais quelle nouvelle ou truc à suspense. Mais non surprise, j'avais juste envie de te voir. Fronçant légèrement les sourcils, je réfléchis encore quelques secondes à une possible raison. Et pourquoi diable m'avait-elle manqué de cette manière?