andrea & lennon ~ you make me loose control. I miss the simplicity. I was bad, you were good. Life was easier.

Une bouteille de bière dans la main, je m'avance jusque dans un coin de la pièce, me frayant un chemin parmi les fêtards. Cette soirée improvisée après la réussite d'une grosse transaction est l'occasion rêvée pour piocher quelques précieuses informations. Et avec l'alcool qui coule à flots, les langues se délient plus facilement. Je n'ai qu'à jouer un peu de mes charmes et déjà quelques noms se détachent des conversations. C'est fou comme la plupart des membres de gang ne résistent pas à un jean moulant et une paire de seins. Certains que cela ne peut pas aller de pair avec un cerveau. Tant mieux pour moi, puisque je ne suis qu'une babydoll de plus pour eux, ils ne croient pas nécessaire de se méfier de moi. Ma petite pêche aux infos se passent bien, très bien même. Ce n'est pas comme si les renseignements récoltés allaient permettre la moindre arrestation, mais ça donnera à Andrea de bonnes pistes à suivre, il faut bien que je lui laisse un peu de travail. Une gorgée de liquide ambré plus tard, je m'aperçois qu'on m'observe, d'un œil mauvais. Je crois qu'il est temps pour moi de prendre la poudre d'escampette. Je tapote sur mon téléphone, décidée à appeler mon flic préféré au secours. Je dois dégager de là, discretement, et sauter sur ma moto n'est surement pas la meilleure façon de m'y prendre. Je n'ai pas un visage inconnu, mais j'espérais que personne ne me remarquerait, personne d'important. Faire partie de l'entourage d'Aaron n'est pas toujours la meilleure des couvertures, surtout si je m'incruste comme si de rien n'était à la soirée d'un gang ennemi. Parfois, je me dis que ça serait judicieux de suivre les conseils d'Amy, et d'arrêter de me précipiter tête la première vers les ennuis. Le problème, c'est que même lorsque je ne fais absolument rien d'insensé, ce sont les ennuis qui se font un malin plaisir de me trouver. Je m'échappe lentement vers le fond, cherchant une sortie secondaire. Une silhouette, qui me dépasse d'une bonne tête et fait au moins deux comme moi en largeur, se plante devant moi. - Qu'est-ce que tu fais ici Johns ? Je déglutis, mais reprends vite mes esprits, ce n'est pas le moment d'être effrayée ou mal à l'aise. Je rassemble mes esprits, affiche le plus convaincant des sourires et m'exclame. -Je profite de l'open-bar. La main dans la poche de mon veston compose encore une fois le numéro d'Andy.

M'enfuir par la fenêtre des toilettes n'était certes pas la plus glamour des évasions, mais au moins je suis dehors, à attendre impatiemment qu'il vienne me récupérer. Sa voiture apparait enfin à l'angle de la rue. Il s'arrête. J'arque un sourcil en entendant sa blague vaseuse. - Vraiment ? C'est tout ce que t'as. que je lui réponds en lui adressant un regard mauvais. Je grimpe dans la voiture et ne me détend que lorsqu'il appuie sur l'accélérateur. - Ouch, tu m'as mise à jour. J'étais tellement occupée à penser à toi que j'en ai oublié de surveiller mes arrières. Une moue moqueuse accrochée au visage, je ressers sa veste autour de moi, rassurée de m'éloigner de cette maison.

Une fois chez lui, il ne compte pas me laisser m'en sortir sans poser de question, le contraire m'aurait surprise, je n'en attendais pas moins de lui, mais je vais me faire un plaisir de le laisser poirauter, pour la douche comme pour le reste. Je lui lance sa veste. - Ne joue pas avec moi Paschiero. Je vais jusqu'au bar et ouvre les placards sans le moindre complexe, fouillant les étagères à la recherche d'une bonne bouteille de scotch. Bingo ! - C'est fou comme tu alimentes les clichés. dis-je en posant deux verres devant lui. - Le flic revanchard qui noie son désespoir dans l'alcool. Je nous sers généreusement, saisis mon verre et trinque avec le sien, appréciant le tintement du verre dans le silence de l'appartement. - Je pourrais presque trouver ça sexy. Une œillade plus tard, je ricane avant de boire une lampée, faisant quelque part jusqu'à la fenêtre, vérifiant que personne ne s'est amusé à nous suivre. Une petite curieuse du clan Calderon, passe encore, je pourrais m'en sortir avec un avertissement musclé, mais une indic ? C'est la balle entre les deux yeux assurée, si j'ai de la chance. La rue est vide, à peine quelque lumière un immeuble vis-à-vis, mais tout est calme. Ce qui, je dois bien l'avouer, me tire un long soupir de soulagement. Je me retourne vers Andy, encline à répondre à sa question. - Je me suis faite surprendre. Disons que j'ai surestimé mes talents de caméléon. Je pose mon verre et me laisse tomber sur son canapé, attrapant la manette qui s'y trouve. Je ne dois pas en avoir vu depuis au moins six ans. Cela m'arrache un énième ricanement. - Mais j'ai quelques infos croustillantes pour toi. dis-je d'un air satisfait en croisant le regard d'Andrea.

andrea & lennon ~ you make me loose control. We keep spending most our lives, living in the gangsta's paradise.

C'est toujours plus facile de se moquer, de jouer avec les émotions des autres, de s'amuser à retourner une situation en sa faveur. J'aime avoir le dessus, me sentir en état de supériorité, pas par narcissime ou autre excès de personnalité, non, mais simplement parce que ça me conforte, ça me permet de toujours m'assurer que je peux survivre, que je suis capable de garder ma place, pas si basse dans la 'chaîne alimentaire' des ruelles de Rio. Rio, ce grand bordel qui est aussi le chez-moi que je ne quitterais pour rien au monde. Mais ce soir, je dois me l'avouer, j'ai rarement eu autant la trouille, elle s'est accrochée violemment à mes entrailles, me vrillant l'estomac, un véritable torrent d'adrénaline, peut-être trop puissant, même pour moi.

Je regarde Andy, avec cette étrange impression qui tisse les instants fragiles, éphémères. Et je lui souris franchement, parce qu'il s'est découvert l'espace de quelques secondes, suffisamment pour nourrir l'espoir fou qu'il puisse tenir à moi. Je veux dire vraiment, pas comme on tient à une amante passagère ou une collègue temporaire, vraiment, comme quand le regard s'illume soudainement pour révéler une inquiétude sous-jacente. Je réalise alors que je me sens en sécurité, là, avec lui, une sensation rare, qui me désarme un peu, moi qui suis toujours sur le qui-vive. - Ils n'ont pas eu le temps. que je lui réponds en haussant les épaules. - Je cours vite. Je surencheris en ricanant, cherchant à balayer le moment d'un revers de la main. Contradictoire, certes, mais qui ne l'est pas ?
Il s'assoit face à moi, prêt à entendre ce que j'ai à lui dire. Une moue mutine se dessine sur mon visage et je pose ma main sur sa joue, un sourire au coin des lèvres. Je le regarde, je l'observe, mieux, je décortique chaque trait, chaque ombre, comme s'il risquait de m'être arraché soudainement. L'attachement est une belle connerie, une invention stupide de l'humanité. Je me serais bien gardée d'éprouver de l'affection pour cette gueule d'ange de flic, il y a plus simple à éprouver dans les faubourgs de cette ville. L'attrait du danger est au fond de toutes les grandes passions disait l'autre, je pourrais presque m'y reconnaître. Il y a de ça j'en suis sûr. Parce qu'en plus de tous ces petits détails qui font d'Andrea un type plutôt extraordinaire, même dans sa banalité, il y a le parfum du fruit défendu, l'insigne qu'il porte à la ceinture et la loyauté, surtout, qu'il dévoue à la loi et à sa croisade.

- Des rendez-vous importants, des recrutements de pilotes, quelques noms entendus au hasard parmi la foule... Je fais traîner. Je sais bien qu'il attend ces informations avec impatience. Ça m'amuse, je sais qu'il n'aime pas ça, mais ça ne fait qu'ajouter à mon plaisir. Je fais glisser mes doigts le long de sa barbe naissante puis m'adosse dans le fond du canapé, croisant mes jambes et attrapant le reste de mon verre. - Tu sais que j'aurais pu y passer ce soir. Je pense bien avoir droit à une petite compensation. Mon ton ne laisse pas entrevoir si je suis sérieuse ou si je plaisante. Je le défie du regard, attendant avec impatiente d'observer l'interprétation qu'il fera de mes mots. Je bois une autre gorgée, finissant ma boisson, appréciant avec délectation la saveur du liquide ambré.