Emily O’CONNEL
Psychologue Clinicienne
Diplômée du département de
Psychologie d’Harvard
Master II Professionnel de Psychologie
Clinique et Psychopathologique

MOTIF DU BILAN : Entretien psychologique du sujet numéro 22 pour son intégration à l’unité.


Durant les premiers entretiens préliminaires, j’ai tenté d’établir un contact avec le sujet afin de le mettre en confiance pour qu’il se livre aisément sans éprouver de la méfiance à mon égard. Les thèmes abordés ont été : son enfance, la pauvreté, les favelas, son environnement, sa famille. Ces sujets ont été traités avec sérieux de la part du sujet.

Il a passé avec brio le test de Rorschach révélant sa nature observatrice et son intellect. Le TAT fut lui aussi une réussite. Quant au dernier test, le WAIS, le sujet obtint le score de 138.

Les résultats ADN cumulés aux images de son cortex cérébral révélèrent une anomalie. En effet, le sujet possède un chromosome masculin (« y ») en trop. Son profil génétique (xyy) suggère un comportement plus agressif que la normal. Nous avons également constatés des ondes d’activité anormales du cerveau venant du lobe temporal et du système limbique, les endroits du cerveau qui contrôlent la mémoire et les émotions. Le développement de ces parties du cerveau a été génétiquement détérioré. Les tests montrent que son système nerveux est manifestement différent : il ressent moins de peur et d’anxiété que les autres. Une expérimentation a révélé que son "bas niveau d’excitation" créé une impulsivité et la recherche de stimulations. Elle a également montré à quel point il est résistant lorsqu’il doit réellement changer son comportement.

Au cours des séances suivantes, le sujet a su démontrer qu’il avait pleinement connaissance des notions du bien et du mal. Cependant, c’est un beau parleur qui essaie de se "laver" de toute mauvaise action. Il possède un haut degré d’intelligence sociale et il sait très bien se comporter comme il le faut pour influencer les gens.
Son "masque de normalité" lui permet de cacher la réalité aux autres et de la nier envers lui-même. Il lui confère également le pouvoir de manipuler les gens, d’une manière quasiment magique. Le sujet possède également une grande capacité à dissocier les choses. Il compartimente tout dans sa vie et trouve toujours des explications (satisfaisantes pour lui) à son comportement. Son esprit est un véritable labyrinthe. Au fil des années, il a su créer tout un édifice mental compliqué dans son cerveau. Il a appris à imiter des émotions qui lui étaient étrangères, à acquérir un comportement approprié à travers l’imitation et l’artifice. Comme tous les prédateurs évolués, il sait comment approcher les gens en gagnant leur confiance. Il cache son esprit torturé derrière une façade de normalité construite avec soin.

À cause de sa nature "sociopathique", il ne sait pas comment ressentir de la sympathie pour les autres ou même comment avoir une véritable relation avec quelqu’un. Mais il a appris à simuler en observant les autres. C’est un acte totalement manipulateur, conçu pour attirer les gens. Bon acteur, il possède un penchant naturel pour le mensonge.

Les parents qui abusent de leurs enfants, physiquement ou/et psychologiquement, instillent en eux une dépendance presque instinctive en la violence comme premier recours face aux défis de la vie. Les abus que le sujet a subit durant son enfance n’ont pas seulement engendrés des réactions violentes, mais ont affectés aussi la santé de l’enfant (blessures à la tête, malnutrition et autres problèmes de développement).
Certains parents croient qu’en étant durs et stricts, ils vont "endurcir" leur enfant. Au contraire, ils créent un manque d’amour, entre l’enfant et ses parents, qui peut avoir des résultats désastreux. Si l’enfant ne se lie pas avec ses propres tuteurs, il ne créé pas les fondations qui lui permettront de faire confiance aux autres une fois adulte. Cela peut mener à l’isolation, où d’intenses fantasmes violents deviennent la première source de satisfaction. Au lieu de développer des traits positifs comme la confiance, la sécurité et l’autonomie, le développement du sujet devient dépendant de sa vie fantasmatique et de ses thèmes dominants, plutôt que des interactions sociales.

Son côté sociopathe fut diagnostiqué grâce à son comportement irrationnellement antisocial, son manque de conscience et son vide émotionnel. Il recherche avidement l’excitation quitte à devenir franchement intrépide. Ce besoin d’un plus haut niveau de stimulation fait que le sujet recherche les situations dangereuses.

Extrait d’une de nos conversations :

" Tout ce que je voulais, c’était rester là et passer le plus de temps possible à ne rien faire. Et pourtant, j’étais capable d’être réellement joyeux et amical, au moins pour une période de temps limité. Je suis devenu un expert pour projeter quelque chose de différent de ce que j’étais vraiment. Il y avait une grande part de ma vie que personne ne connaissait. Ça ne m’a pas demandé d’efforts, pas du tout. "

Voici ma conclusion. Le patient est capable du meilleur comme du pire. Il est intelligent, manipulateur, menteur, observateur. C’est à lui de choisir si ces traits de caractères seront utilisés à bon ou mauvais escient. Se définissant lui-même comme un électron libre, il sera difficile de prévoir ses réactions.